Le revue professionnelle “Chaud Froid Performance” (http://lebatimentperformant.fr) aborde le sujet de la maquette numérique dans son numéro 805. A cette occasion votre serviteur a pu débattre sur le BIM. Retrouver ci-dessous le texte de l’interview.
L’enjeu du BIM n’est pas la 3D, c’est l’information.
Éditeur de logiciels métier pour le génie climatique, Fisa a commencé sa transition vers le Bim il y a six ans afin de s’adapter aux besoins de ses clients. Rencontre avec Christophe Onraet, ingénieur d’application.
CFP : De quelle façon vos solutions s’intègrent-elles dans une démarche Bim ?
Christophe Onraet : Pour le moment, nous proposons cinq solutions interfacées avec le Bim. FisaRmep est un outil de dessin qui permet le tracé et la modélisation des réseaux aérauliques et hydrauliques au sein d’une maquette Revit. Les trois autres, FisaDuct, TTH-Eau et SaniWin sont des moteurs de calcul pour l’aéraulique et l’hydraulique, également interfaces avec la maquette numérique Revit. La dernière solution, Visual TTH, un moteur de calcul thermique réglementaire certifié RT 2012, l’est aussi avec les formats IFC.
Pourquoi ce choix des IFC ?
Ce n’est pas vraiment un choix, c’est plutôt une demande qui a émané de nos clients. Techniquement, les IFC ne sont pas encore au point. Ils sont aujourd’hui mûrs pour la partie architecture et structures, mais très incomplets pour la partie ingénierie. Ces difficultés sont essentiellement liées à un problème de vocabulaire pour décrire les éléments. Comment trouver un langage commun pour se comprendre ? Quelles unités utiliser ? Il reste un énorme travail à faire pour arriver au fonctionnement optimal de ce format d’échange. Car il s’agit bien d’un format d’échange, et pas d’un format de travail. L’erreur est souvent commise. Il peut être imposé sur certains projets parce que c’est le futur standard international de la maquette numérique mais, pour le moment, il vaut mieux fonctionner avec des formats propriétaires et travailler sur les mêmes logiciels.
Quel est l’intérêt du Bim pour les entreprises de génie climatique aujourd’hui ?
Cela leur permet d’accéder à des outils métier intelligents et plus seulement à des outils de dessin passifs. Avec la maquette numérique, l’outil comprend et maîtrise les différents éléments et est capable d’anticiper les conséquences de toutes les actions. Cela se traduit par la réduction des incohérences dans les documents graphiques. Là où avant la moindre modification obligeait l’utilisateur à la reporter sur tous les autres documents, avec une marge d’erreur et une perte de temps non négligeables, la maquette numérique permet de tout regrouper et de faire une mise à jour fiable et en temps réel sur tous les documents qui en découlent.
Leur pratique du Bim va donc bien au-delà de l’utilisation des bibliothèques d’objets ?
Le problème est qu’il n’existe pas véritablement de bibliothèques d’objets. Mediaconstruct est en train d’y travailler avec la norme XP P07-150 car, là encore, il faut trouver un langage commun. Nous avons développé notre propre bibliothèque d’objets génériques, car le problème des bibliothèques des fabricants, c’est qu’ils n’ont pas compris les enjeux du Bim. Outre les erreurs sur les données techniques de leur catalogue qui sont légion, ils fournissent des objets avec un niveau de détail trop important et inutile, voire inexploitable car trop lourd d’un point de vue informatique. Ils pensent que les professionnels veulent récupérer une vision 3D de leurs objets, alors que ce n’est pas l’enjeu : ils veulent de l’information, le «I» du Bim. Car ce qu’ils en attendent aussi, c’est un gain de productivité avec une production de documents plus rapide. Mais cela doit s’envisager à moyen et long terme car il faut compter un temps d’appropriation de l’outil mais, surtout, un véritable changement de méthode de travail. Et l’humain n’aime pas le changement…
C’est pourtant une évolution inévitable…
Oui, et les professionnels commencent à s’en rendre compte. Car c’est aussi un moyen pour eux d’accéder à des marchés, de plus en plus de maîtres d’ouvrage publics ou privés l’imposant. Ces derniers n’ont pas un besoin d’un cadre règlementaire pour comprendre leur intérêt : le Bim permet de réduire le coût global d’un bâtiment de 10 à 20 %. L’erreur que les professionnels ne doivent pas commettre, c’est de penser que leurs honoraires vont également être réduits. Ça ne fonctionne pas comme ça! Certains lots vont voir leur coût diminuer, oui, mais d’autres vont le voir augmenter, notamment tout ce qui concerne les études, qui seront revalorisées. On va également gagner énormément sur la partie exécution, qui est celle sur laquelle on perd le plus d’argent aujourd’hui.
Justement, les petites structures et les installateurs sont-ils prêts ?
Il y a un effet de domino. On l’observe avec les clients qui viennent en formation chez nous. Il y a trois ans, c’était principalement des BE de conception. Il y a deux ans, des BE d’exécution et, cette année, les entreprises arrivent, tous profils confondus. Les petites structures sont d’ailleurs celles qui ont le plus de facilités à migrer parce qu’elles ont davantage de souplesse. Il faut bien être conscient que le passage au Bim représente un investissement de 10 à 15 000 euros par personne…
On se retrouve au BIM World dans